Le 20 novembre dernier, la coordination des employeurs territoriaux (CET) a accueilli le nouveau ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian, lors du Congrès des maires. Cette rencontre, la première depuis sa nomination il y a deux mois, a été l'occasion pour les élus locaux de faire part de leur mécontentement face aux récentes déclarations et décisions du ministre.
Un Mécontentement Palpable
Les élus locaux n'ont pas manqué de rappeler au ministre les spécificités de la fonction publique territoriale, souvent mal comprises par les décideurs nationaux. Les déclarations controversées de Guillaume Kasbarian sur le gel du point d’indice, la suppression de la GIPA, et l’instauration de trois jours de carence pour réduire l’absentéisme ont particulièrement irrité les employeurs territoriaux. Ces mesures, perçues comme des attaques directes contre les conditions de travail des agents territoriaux, ont été au cœur des discussions.
Les Difficultés de Recrutement : Un Enjeu Majeur
Lors de cette rencontre, un sondage en direct a révélé que 90 % des présents rencontrent des difficultés en matière de recrutement. Yohann Nédélec, membre de la CET, a souligné l'importance de reconstituer l'attractivité des carrières dans la fonction publique territoriale. Muriel Fabre, secrétaire générale de l’AMF, a ajouté que les employeurs territoriaux, toutes obédiences politiques confondues, sont favorables à une augmentation des rémunérations, soulignant que les salaires dans les collectivités sont trop faibles.
La Contrainte Budgétaire : Un Argument Récurrent
Guillaume Kasbarian a répondu en insistant sur la nécessité de réduire les dépenses publiques. Il a justifié le gel du point d’indice et la suppression de la GIPA par des contraintes budgétaires, tout en évoquant d'autres leviers d'attractivité, comme la refonte des grilles salariales et l'accès au logement. Cependant, Muriel Fabre a rappelé les conclusions du rapport de Philippe Laurent et Mathilde Icard de 2019, qui soulignait que le principal levier d'attractivité reste l'augmentation des rémunérations.
Une Différence de Perspective
Le ministre a reconnu la prédominance des agents de catégorie C dans la fonction publique territoriale, mais a insisté sur la nécessité de réduire les dépenses. Muriel Fabre a réfuté cette vision, soulignant une différence majeure entre les comptes de l’État et ceux des collectivités. Elle a également insisté sur l'absence de dialogue structuré entre les trois employeurs publics (territorial, hospitalier et étatique), qui pourrait favoriser des trajectoires partagées.
Un Appel à la Responsabilité et au Dialogue
Face à un gouvernement qui a souvent mis en cause la capacité gestionnaire des collectivités, Muriel Fabre a assuré que les élus locaux agissent en employeurs responsables et au mieux pour leurs agents. Elle a déploré l'absence de dialogue sur le point d’indice, soulignant que les collectivités sont mises devant le fait accompli alors qu'elles ont besoin de recruter. Yohann Nédélec a confirmé cette position, insistant sur la nécessité d'un débat entre les parties prenantes.
Cette rencontre a mis en lumière les tensions entre les décisions unilatérales du gouvernement et les réalités du terrain auxquelles sont confrontés les élus locaux. La CFDT INTERCO Section Besançon Ville-CCAS-GBM appelle à un dialogue renforcé et à une prise en compte des spécificités de la fonction publique territoriale pour garantir des conditions de travail décentes et attractives pour tous les agents.
Annie FRANCOIS pour le syndicat CFDT INTERCO Section Besançon Ville-CCAS-GBM.
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