Le gouvernement français envisage de supprimer la garantie individuelle du pouvoir d’achat (Gipa), une prime versée aux fonctionnaires depuis 16 ans pour compenser les pertes de rémunération liées à l’inflation. Cette décision, révélée dans l’agenda social transmis par le ministre Guillaume Kasbarian aux syndicats et dans les documents budgétaires pour 2025, suscite une vive inquiétude parmi les 5,6 millions de fonctionnaires du pays.
Un contexte budgétaire tendu
Cette mesure intervient dans un contexte où le gouvernement demande un effort budgétaire de 60 milliards d’euros à l’ensemble des administrations publiques pour limiter le déficit à 5 % du PIB l’an prochain. Le gel de la valeur du point d’indice, élément central de la rémunération des fonctionnaires, est également prévu. Après une revalorisation de 1,5 % en juillet 2023 et de 3,5 % en 2022, ce gel marquera une baisse du pouvoir d’achat, même avec un taux d’inflation annuel de 1,2 % en septembre.
La Gipa en question
La Gipa, créée en 2008 sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, est une prime annuelle versée automatiquement pour neutraliser une partie des pertes de pouvoir d’achat des fonctionnaires. En 2023, elle a coûté près de 267 millions d’euros, avec une moyenne de 700 euros brut par fonctionnaire d’État. Sa suppression, pour la première fois depuis sa création, est perçue comme un coup dur pour les fonctionnaires.
Réactions syndicales
Les syndicats, pris de court par cette annonce, expriment leur mécontentement. Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique, déplore la manière maladroite dont la suppression de la Gipa est présentée et craint qu’elle ne soit pas mise en œuvre pour 2024. Les organisations syndicales, qui avaient déjà posé la question au ministre sans obtenir de réponse, redoutent que cette prime passe par pertes et profits.
Un avenir incertain
Les documents budgétaires semblent indiquer que la décision de supprimer la Gipa est déjà prise. Les projets annuels de performances (PAP) annexés au projet de loi de finances mentionnent une « non-reconduction de l’indemnité dite de garantie individuelle de pouvoir d’achat pour l’année 2025 ». Cette décision pourrait avoir des répercussions importantes sur le niveau de vie des fonctionnaires.
Autres préoccupations syndicales
La suppression de la Gipa n’est pas la seule source d’inquiétude pour les syndicats. L’agenda social remet également sur la table le « projet de loi pour l’efficacité de la fonction publique », qui prévoit la rémunération au mérite et la remise en cause des catégories administratives (A, B et C). De plus, le projet de loi de finances prévoit 2 200 suppressions de postes et 21,5 milliards d’euros de réduction de dépenses, avec 5 milliards d’euros d’effort supplémentaire par voie d’amendements.
Les fonctionnaires français se préparent à des mois difficiles, marqués par des réductions budgétaires et des suppressions de postes. La suppression de la Gipa, une prime essentielle pour compenser les pertes de pouvoir d’achat, est perçue comme une injustice supplémentaire. Les syndicats appellent à ne pas faire des agents publics les boucs émissaires de la dette et à privilégier des mesures d’accompagnement et d’amélioration de la qualité de vie au travail. La situation reste tendue, et les négociations à venir seront cruciales pour l’avenir de la fonction publique en France.
Annie FRANCOIS pour le syndicat CFDT INTERCO Section Besançon Ville-CCAS-GBM
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