Projet de loi de finances 2026 : ce que les sénateurs veulent changer pour les agents publics

Publié le 9 décembre 2025 à 09:58

Alors que la mobilisation du 2 décembre a rappelé le malaise des agents publics (3,43 % de grévistes dans la FPE, 1,84 % dans la FPT, 0,20 % dans la FPH), le Sénat a adopté plusieurs mesures lourdes de conséquences pour notre vie professionnelle.
La CFDT Interco Besançon fait le point.

Vers 3 jours de carence dans la fonction publique ?

Dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2026, les sénateurs ont adopté des amendements visant à porter de 1 à 3 jours de carence en cas d’arrêt maladie.
Concrètement :
👉 les agents publics ne seraient indemnisés par l’Assurance maladie qu’à partir du 4ᵉ jour d’arrêt.

Cette mesure, devenue un « marronnier » budgétaire, revient régulièrement lorsque des économies sont recherchées sur la fonction publique.

❗ Le gouvernement s’y oppose

David Amiel, ministre en charge de la Fonction publique, a rappelé plusieurs éléments factuels :

  • les agents publics ne sont pas plus absents que les salariés du privé ;

  • l’écart d’absentéisme public/privé a été divisé par 6 ces dernières années ;

  • les métiers publics sont souvent plus pénibles, plus féminisés (64 % des effectifs), et avec une moyenne d’âge plus élevée.

Le ministre souligne aussi qu’à la différence du public, 70 % des salariés du privé sont couverts par leur employeur pour tout ou partie des trois jours de carence.
Dans le public, l’impact financier d’un triple jour de carence serait direct et total pour les agents.

❗ Ce que dit la CFDT

Pour la CFDT,

  • cette mesure est injuste,

  • stigmatisante,

  • et contre-productive : plusieurs études montrent que le jour de carence n’a pas réduit les arrêts… mais a allongé leur durée, car les agents retardent leur arrêt au détriment de leur santé.

Un autre risque : le transfert des charges vers les collectivités

Plusieurs sénateurs ont rappelé que ces trois jours de carence ne supprimeraient pas les absences, mais reporteraient les charges sur les collectivités locales.

Comme l’a expliqué le sénateur Pierre Barros :

« Imposer ces jours de carence signifie que la prise en charge se fera sur le budget des communes et départements. »

Autrement dit :
➡ moins d’agents indemnisés par la Sécu,
plus de charges financières pour les employeurs publics,
➡ et aucune réelle économie structurelle.

Le Sénat vote aussi le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux

Autre amendement adopté :
👉 1 départ à la retraite sur 2 ne serait pas remplacé dans la fonction publique d’État.

Objectif annoncé : 700 millions d’euros d’économies, soit 23 000 ETP en moins.

Les secteurs exclus :

  • Armées

  • Intérieur

  • Justice
    ➡ secteurs déjà couverts par des lois de programmation.

Cette logique de réduction mécanique des effectifs a été dénoncée par plusieurs parlementaires, dont Amélie de Montchalin :

« On ne peut pas réduire brutalement 9 000 postes dans l’Éducation nationale sans anticipation. »

❗ Ce que dit la CFDT

La CFDT alerte depuis longtemps sur :

  • la dégradation des services publics,

  • les surcharges de travail,

  • l’impact sur la santé et l’attractivité des métiers.

Supprimer un poste sur deux sans réflexion métier, c’est :
➡ plus de files d’attente,
➡ moins de temps pour chaque usager,
➡ plus de pression sur les équipes,
➡ et un service public affaibli.

Ce que la CFDT Interco Besançon Ville – CCAS – GBM défend

✔ La protection des agents

Les agents publics ont déjà subi l’abaissement de l’indemnisation à 90 % en arrêt maladie. Ajouter deux jours de carence constituerait une double peine.

✔ Une approche fondée sur les faits, pas sur les clichés

Les absences dans la fonction publique s’expliquent par :

  • la pénibilité,

  • l’âge moyen plus élevé,

  • la surreprésentation des femmes,

  • des missions essentielles mais usantes.

Stigmatiser les agents est non seulement injuste, mais surtout inefficace.

✔ Une logique de service public, pas d’austérité automatique

Le non-remplacement d’un départ sur deux menace :

  • la qualité du service rendu,

  • l’égalité d’accès au service public,

  • la santé des agents,

  • et l’attractivité des métiers.

Conclusion CFDT : vigilance maximale !

Le projet de loi de finances poursuit des économies rapides faites au détriment :

  • des agents,

  • des collectivités,

  • et du service public.

👉 La CFDT continuera à porter une vision constructive, mais ferme :

  • pas de stigmatisation des agents,

  • pas d’économies aveugles,

  • pas d’atteintes disproportionnées à nos droits sociaux.

Nous vous tiendrons informés au fur et à mesure des arbitrages finaux lors de l’adoption définitive du budget.

 

Annie FRANCOIS pour le syndicat CFDT INTERCO Section Besançon Ville-CCAS-GBM

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